« La phénoménologie en tant que mode de pensée et de perception visuelle devient facteur de la conception architecturale. C’est une démarche philosophique qui réhabilite l’expérience vécue, car elle repose sur la perception de conditions préexistantes. Il lui est impossible de partir de l’a priori. Faire une architecture non empirique exige une conception ou une idée directrice. Or, tout projet nous confronte d’abord à l’information et au désordre, à la confusion des objectifs, l’ambiguïté du programme, à l’infini des matériaux et des formes. Ces éléments telle une épaisse fumée, tourbillonnent confusément dans une atmosphère agitée. L’architecture est le résultat d’un acte volontaire sur cette indétermination. Pour ouvrir l’architecture à la perception, il nous faut bannir le doute, débrayer la part rationnelle de l’esprit, pour jouer et explorer, simplement. Que la raison et le scepticisme fassent place aux espaces ouverts de la découverte. Dans un tel laboratoire, on ne peut se fier aux doctrines, et chercher précédera toute synthèse ».
Steven Holl
Cette citation de l’architecte américain met en évidence la pléthore d’informations auxquelles l’architecte fait face à l’origine du projet. Cependant les comportements envers ce flou divergent selon chacun. Certains privilégieront la hiérarchie des éléments quand d’autres prôneront le contraire. Certains choisiront de mettre l’accent sur le programme par exemple, tandis que d’autres travailleront sur le détail. Mais la fin commune est celle de construire.
L’intention dans le projet est fondamentale car elle débraye l’ensemble des opérations ultérieures. Ce moment réclame la chose la moins évidente à cerner lors de la conception de l’architecture, c'est-à-dire le choix. Les premiers choix entraineront les
seconds dans un processus itératif où les allers-retours seront fréquents. Pour traverser cette épaisse fumée et en finir avec les atermoiements, il faut vouloir.
L’architecture est en même temps le produit d’une idée et le lieu d’une expérience vécue. Quels sont les liens qui unissent intentions et phénomènes ?
Pour permettre à l’architecte de brouiller la césure entre concevoir et construire, il se doit de se constituer une pensée constructive. Cette pensée ne doit pas se faire a priori et sera renouvelée pour chaque projet. La connaissance de la mise en oeuvre et des propriétés des matériaux permettent de transmettre un sens au travers de la perception. Anticiper les phénomènes c’est entrer dans l’intimité du matériau. Dans l’intimité charnelle de la matière. La phénoménologie de la perception peut alors tendre vers l’architecture. Atteindre la matière.
L’intention dans le projet est fondamentale car elle débraye l’ensemble des opérations ultérieures. Ce moment réclame la chose la moins évidente à cerner lors de la conception de l’architecture, c'est-à-dire le choix. Les premiers choix entraineront les
seconds dans un processus itératif où les allers-retours seront fréquents. Pour traverser cette épaisse fumée et en finir avec les atermoiements, il faut vouloir.
L’architecture est en même temps le produit d’une idée et le lieu d’une expérience vécue. Quels sont les liens qui unissent intentions et phénomènes ?
Pour permettre à l’architecte de brouiller la césure entre concevoir et construire, il se doit de se constituer une pensée constructive. Cette pensée ne doit pas se faire a priori et sera renouvelée pour chaque projet. La connaissance de la mise en oeuvre et des propriétés des matériaux permettent de transmettre un sens au travers de la perception. Anticiper les phénomènes c’est entrer dans l’intimité du matériau. Dans l’intimité charnelle de la matière. La phénoménologie de la perception peut alors tendre vers l’architecture. Atteindre la matière.
Le but semble ici de faire de chaque élément un dispositif pour penser. Il est question ici de sensation, de qualité des usages et d’appropriation. Le travail sur la perception en architecture tente de susciter cette empathie.
«…toute encoignure dans une chambre, tout espace réduit où l’on aime à se blottir, à se ramasser sur soi même est, par l’imagination, une solitude, c'est-à-dire le germe d’une chambre […] Et li faut désigner l’espace de l’immobilité comme l’espace de l’être. Un poète (Noël Arnaud dans L’Etat débauche) […] écrit : Je suis l’espace où je suis ».
Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, PUF, Paris 2007, p130-131.